La patine

La patine est la couleur que l’artisan ou l’artiste a voulu donner à la pièce une fois terminée, elle a un sens à l’origine qui change d’une région et d’une tribu à l’autre. Puis avec l’usage elle se transforme, le bois se lisse sur les zones de frottements douces comme le tissu, la peau, les poils. Elle peut aussi s’abraser avec des frottements plus durs contre le sol, la pierre, le métal. Les pièces africaines magiques sont cachées souvent dans des réduits clos et humides où elles moisissent puis lors de cérémonies rituelles elles sont exposées en plein soleil et à la pluie. On les astiquent, les frottent avec des produits magiques qui peuvent être gras ou acides. Souvent avec de la nourriture (fruits, œufs, viscères, sang, urine) mais aussi avec de la cire, de la terre du sable. Les petites pièces avec mission de protection individuelle sont misent dans la couche ou portées dans les sous-vêtements à même la peau souvent à proximité des parties intimes ou dans les soutiens-gorge avec l’argent et le téléphone portable, la transpiration humaine participe activement à la patine.
Quand pour une pièce on dit simplement « patine » c’est qu’elle n’a pas servi. Par contre « Patine d’usage » indique qu’elle a servi pour des rituels ou qu’elle a été portée. Traces d’abrasions et traces de libations indique que l’on repère dessus des restes ou qu’il y a des zones d’usures visible.
En Afrique il y a beaucoup d’insectes xylophages et de champignons qui attaquent les bois ainsi certaines pièces sont incomplètes, les parties manquantes ont pourries ou on été mangées. Les africains savent très bien faire de belles patines qui laissent croire que les pièces sont anciennes car les occidentaux donnent plus de valeur à l’ancien qu’au récent mais avec l’habitude on discerne bien une belle patine d’usage d’une patine d’officine. Certains collectionneurs nettoient leurs pièces et parfois les cirent pour qu’elles brillent, parfois aussi ils les restaurent pour qu’elles soient complètes ou que les fentes soient bouchées. Pour ma part j’aime à les laisser dans leur jus qui me rappelle le moment ou je les ai acquises.