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Que voit-on sur un objet de culte animiste africain ?

mardi 16 avril 2019

En préambule je tiens à rappeler que si l’Afrique est peuplée de 55 % de chrétiens ou affiliés et 45% de musulmans 100% des africains restent profondément animistes. Quand je rentre de mission en brousse dans une communauté religieuse il est fréquent que le responsable, s’il me voit décharger mes bagages pousse des cris horrifiés en me voyant rapporter des fétiches. En Afrique tout le monde croit aux esprits à l’envoutement et la sorcellerie.
Les statuettes et les fétiches sont là pour que les esprits qu’ils représentent viennent les habiter et que l’on puisse négocier avec eux. Le plus souvent ils représentent des ancêtres ou des membres de la communauté décédés dont on veut s’assurer les protections ou au minimum la non agression. Ce sont rarement des divinités nominales sauf dans le vaudou. Le plus souvent dès le décès, pendant la période de deuil on commandera au sculpteur une figure du défunt dont on veut s’attirer les bonnes grâces ou profiter de son pouvoir. Le bois n’a pas le temps de sécher il faut produire ! Bien sur le commanditaire demandera que cet habitacle pour l’esprit du défunt porte bien tous les signes des pouvoirs dont on veut profiter, il ne faudra rien oublier sinon l’esprit du défunt refusera d’y venir, voir, vexé, il fera des représailles.
Sur une statuette représentant un humain tout a du sens, rien n’est là par hasard ou pour faire « joli », le plus souvent il est représenté nu car la nudité c’est l’authenticité sans détours. En partant du haut du corps en descendant vers le bas :

La coiffure indique le rang et le prestige plus elle est importante plus le la notoriété du personnage est importante, on peut lui mettre une chevelure importante même si de son vivant ce n’était pas le cas. De même souvent on met une barbe qui est un signe de sagesse alors que l’intéressé n’en portait pas. C’est ainsi que chez les Baoulés presque tous les ancêtres portent barbe même les femmes. Les coiffes ont comme les coiffures un sens de rang.

Les yeux selon qu’ils sont ouverts, en relief, en creux, incrustés de miroir ou de morceaux de coquille. Ils disent quelque chose à celui qui les regarde.

Les bijoux colliers et bracelets sont plus des indicateurs de statuts et de rang qu’un signe de richesse, même si le porteur en est fier, le bijou tel le collier indique que l’on est chef. Pour les statues féminines cela indique que l’on est une des épouses du chef. Parfois si le sculpteur n’a pas mis les bijoux et que les vivants sentent que l’esprit est chagriné on va en rajouter en perle ou en métal.

Les scarifications, elles indiquent d’abord l’appartenance à un groupe spécifique, puis le rang des initiations ou des accomplissements réalisés, certains comme les généraux russes en ont le corps couvert. Certaines scarifications sont faites en vu de protection contre des maladies. Là encore si le vivant n’avait pas toutes ses scarifications de son vivant il est possible de demander au sculpteur d’en rajouter sur la statuette c’est un peu comme une Légion d’Honneur à titre posthume. En soignant des africains on découvre parfois de scarifications surprenantes dans les recoins les plus inattendus.

La bouche ouverte est une invitation à l’esprit de s’exprimer et de dire aux vivants.

Les seins, ils sont là pour montrer la capacité à avoir une abondante descendance et une capacité nutritive. Parfois même on en met aux hommes pour signifier cette fonction.

Le ventre et le dos sont des surfaces privilégiées mettre des scarifications.

Les bras et les mains fléchis dans une position d’action ou posés sur le ventre dans une attitude de sagesse et d’accomplissement.

Les organes génitaux sont figurés à partir de leur fonctionnalité, à quoi ils servent. La fonction érotique ou récréative passe loin derrière la procréation. Un gros pénis, gonflé indiquera un homme puissant, fécond, capable de gérer plusieurs femmes et d’avoir une large maisonnée et la capacité à nourrir tout ce monde. Dans certaines régions d’Afrique il n’était pas rare qu’un dignitaire ait près de 100 femmes.
Les vulves des femmes indiquent leur disponibilité à engendrer c’est une simple fente. Si il y a plus de détails comme le dessin des labias cela peut indiquer qu’elle a facilement accouché des tous ces enfants et que son époux trouvait qu’elle lui apportait beaucoup de plaisir.

Les jambes sont souvent dans la position du « dooplé » du danseur africain qui est debout, les genoux fléchis les cuisses non serrées, les pieds parallèles adhérant fermement au sol et avec le torse en légère flexion.

Les trous dans les statues sont destinés à le remplir de charges magiques qui activent le fétiche. Les plus commun sont sur le sommet du crâne et l’anus mais il peut aussi y en avoir sur les côtés du corps ou sur le corps des bébés des maternités.